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Jean-Pierre Orfeuil

Remplacer le fixe par le mobile

Replacing the fixed by the mobile: the regular production of temporary densities

Over the course of history, innovation has resulted from the need to overcome contradictions that seemed unavoidable within the status quo. In our era too, there is no shortage of contradictions. The imperative of metropolitanization is in contradiction with the failure of big cities to appeal to citizens. The need to make the capital a source of profit, exemplified by the success of platforms such as Airbnb or BlaBlacar, is in contradiction with the underuse of office space and scattered footfall in shopping centers. The need for shared experiences and shared spaces has not dissolved, whether into the sociability of the digital world or into the remoteness of the suburbs. The aspiration for territorial equity in access to public services remains strong, despite the obvious difficulty of fulfilling it under current modes of organization. The pressure to dump the automobile is diluted by the frequent absence of credible alternatives, as well as the paucity of activities in many residential areas.

Answers to these questions are emerging, with more fluid occupancy of the urban fabric: development of pop-up stores, co-working spaces, use of schools by voluntary organizations, etc. What if the next logical step were to be the replacement of fixed structures with mobile structures, the use of vehicles for purposes other than travel alone? What if an answer to the problems of low densities were the production of temporary densities? Recent technological developments suggest the possibility of vehicles becoming tools for the creation of mobile hyperplaces, but we need to be wary of technological determinism. The way is narrow, real estate can be converted, there are competing, more individualized trajectories, such as tele-activities. It is because the way is narrow that it needs to be explored in depth.

(extract from the Mobile Hyperplaces brochure, february 2019)

See also: Jean-Pierre Orfeuil's analysis of wifi & solar bike kiosks in Africa

 

Substituer l’immobilier par le mobile : produire des densités éphémères

L’innovation a résulté dans l’histoire du besoin de surmonter des contradictions qui paraissaient indépassables dans les cadres constitués. Des contradictions, notre époque n’en manque pas. L’injonction à la métropolisation contraste avec la faible appétence des citoyens pour les grandes villes. Le besoin de mieux rentabiliser le capital, qu’exprime le succès de plateformes telles qu’Airbnb ou BlaBlacar, contraste avec la faible occupation temporelle des bureaux et une fréquentation clairsemée des centres commerciaux. Le besoin d’expériences partagées et d’espaces partagés ne s’est dissous ni dans la socialité numérique, ni dans la mise à distance périurbaine. L’aspiration à l’équité territoriale dans l’accès aux services publics reste forte, malgré une évidente difficulté à la satisfaire dans les modes d’organisation actuelle. L’injonction à sortir de l’automobilité butte sur l’absence fréquente d’alternatives crédibles, et sur l’absence d’activités dans de nombreux territoires résidentiels.

Des réponses à ces questions s’esquissent avec une plus grande fluidité de l’occupation du bâti : développement de commerces éphémères, d’espaces de coworking, utilisation des écoles par des associations, etc. Et si la suite logique, c’était une substitution de l’immobilier par le mobile, un usage de véhicules à d’autres fins que le seul déplacement ? Et si une réponse aux problèmes des faibles densités était la production régulière de densités éphémères ? Les évolutions technologiques récentes invitent à penser les véhicules comme des outils possibles pour fabriquer des hyperlieux mobiles, mais il faut éviter tout déterminisme technologique. La voie est étroite, l’immobilier sait se transformer, et il y a des itinéraires concurrents, plus individués, comme les téléactivités. C’est parce qu’elle est étroite qu’elle mérite d’être explorée en profondeur.

(extrait de la brochure Hyperlieux Mobiles, février 2019)

Voir aussi : l'analyse de Jean-Pierre Orfeuil des vélo-kiosques wifi & solaires en Afrique

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